MLLWR Menu ban
The Military Law and the Law of War Review
PUBLISHED UNDER THE AUSPICES OF THE INTERNATIONAL SOCIETY FOR MILITARY LAW AND THE LAW OF WAR

 
MLLWR Menu haut
Home About Us Editorial Board Submissions Archives Last issue

Review 2017-2018 - Volume 56

R. Remacle & P. Warnotte, La psychologie du combattant et le respect du droit des conflits armés – Étude des facteurs pouvant influencer le comportement du combattant au regard du droit international humanitaire
(Namur, Presses Universitaires de Namur, 2018), 209 pp., ISBN: 9782870379905


ERIC DAVID




Cet ouvrage au titre prometteur comprend quatre chapitres. Le premier consacré aux ‘notions de base’ montre à quel point la guerre est un phénomène criminogène qui peut transformer des personnes ‘ordinaires’ en tortionnaires et en massacreurs de civils. L’accent est mis sur l’importance des ordres donnés, la responsabilité du supérieur, le rôle d’une politique à vocation criminelle et la nécessité d’une formation sérieuse au droit international humanitaire (DIH). Le plan n’a cependant pas de dynamique précise. Des éléments descriptifs et explicatifs sont juxtaposés sans autre fil conducteur que celui des violations du DIH. Il aurait fallu commencer par rappeler le contenu de ce dernier, puis, traiter de ses violations les plus courantes et, enfin, tenter d’expliquer ces dernières dans le cadre d’une typologie appropriée. Ici, l’explication tend à se noyer un peu dans le texte.

Le chapitre II aborde les ‘facteurs fauteurs de crimes de guerre’. On revient donc sur des questions qui auraient déjà pu trouver place dans le premier chapitre : de fait, la nécessité de la discipline et le rôle du supérieur sont mis en exergue mais sous des angles un peu différents. L’ouvrage évoque les difficultés locales spécifiques à certains conflits (certaines phases de la 2e Guerre mondiale, Vietnam), le stress des combattants, la diabolisation de l’adversaire, certaines méthodes de combat qui peuvent apparaître comme des causes des violations du DIH mais qui ne traitent pas vraiment de la ‘psychologie du combattant’, objet même de l’ouvrage.

Le chapitre III analyse ‘quelques infractions graves au droit des conflits armés’. Il s’agit surtout de violations du droit de Genève avec un accent particulier sur le viol comme arme de guerre. La psychologie du combattant n’est pas plus abordée ici que dans le chapitre IV intitulé ‘Sanctions ou impunité ? Aperçu des tribunaux internationaux et des sanctions de la seconde moitié du XXe siècle’. Il s’agit d’une présentation concise en 20 pages des juridictions pénales internationales de Nuremberg à la CPI en passant par les tribunaux hybrides. Les ‘facteurs pouvant influencer le comportement du combattant au regard du droit international humanitaire’ n’y sont pas traités davantage.

Les expériences de Milgram et Zimbardo qui peuvent être mobilisées à cet égard sont traitées dans deux annexes. L’expérience de Milgram reste évidemment une clé de voûte pour l’explication des violations du DIH. En revanche, celle de Zimbardo a été qualifiée de ‘supercherie’ scientifique dès lors que, contrairement à ce que Zimbardo voulait prouver, c’était non l’univers carcéral reproduit à l’université de Stanford qui avait transformé des gardiens de prison en geôliers sadiques mais les instructions précises données par Zimbardo et ses assistants aux étudiants qui devaient jouer ce rôle (voy. le remarquable ouvrage de T. Le Texier, Histoire d’un mensonge – Enquête sur l’expérience de Stanford (Paris, La Découverte, 2018) notamment, pp. 72-74, 78, 192, 221 s.). Les auteurs ne pouvaient cependant pas connaître cet ouvrage qui vient d’être publié.

Malgré les imperfections de l’étude, il faut rendre hommage à Mme Warnotte et au Colonel Remacle pour les informations qu’ils apportent sur l’historique de graves violations du DIH souvent méconnues. Malgré un riche appareil de références, les sources de certaines informations font parfois défaut et la plupart des références n’indiquent pas le n° des pages de l’ouvrage ou de l’article cité en note de bas de page.